A côté de l'attaque
Véhicules militaires détruits dans le centre de Bangkok. Les "chemises rouges" affichent leur détermination à mener jusqu'au bout leur combat pour des élections anticipées au lendemain de heurts avec les forces de l'ordre qui ont fait 20 morts à Bangkok. /Photo prise le 11 avril 2010/REUTER
Ce week-end là justement nous étions à Bangkok, descendus en vacances dans un charmant hôtel du centre avec une piscine sur le toit, un mobilier chic et désuet et un personnel empressé. Vous voulez que je vous raconte notre évacuation d'un grand centre commercial dans une ruée de panique, les portes du Sky Train qui se ferment juste derrière nous, les stations bloquées, les haut-parleurs et la rumeur des manifestants en colère, les explosions et les clameurs, la fumée qui monte dans l'air brûlant qui tremble comme un sirop de sucre, les troupes de l'armée casquées, protégées de boucliers transparents remontant au pas de course les avenues désertées par les véhicules, les rideaux de fer baissés ?
Et bien, non, rien. A trois rues du massacre, nous dînions de sushi et de crabes au bord d'une fontaine, en nous demandant si nous prendrions comme dessert le mango sticky rice ou alors juste un café, un oeil sur la boutique d'antiquités Thai, ses panneaux de tek délicatement sculptés, ses rangées de moines impassibles aux robes de bois colorié, ses soies anciennes et ses danseuses apsaras aux doigts retournés. A nos pieds le butin d'une journée de courses au marché de Chattuchak, dans notre appareil une moisson de temples et de sourires...
Comment dit-on ? Être au bon endroit au mauvais moment ? Aux insouciants les mains pleines ? Dans l'oeil du cyclone un grand calme ? Comment être là sans y être ?
Irréel..