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Le feuilleton tonkinois

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5 novembre 2016

Noix de Chine

Voilà, dernier jour dans la ville aux 22 millions d'habitants, pieds brisés par les heures de marche.
Ce matin, nous avons testé le marché aux puces qui nous est d'abord apparu comme un marché aux perles artisanales. Dans le sud de la ville au-delà du 3ème périphérique (il y en a 6), un quartier pas bien beau d'immeubles gris et sans caractère et de grands axes routiers sans âme. Le taxi nous a déposé sur un trottoir occupé par des dizaines de vendeurs de pacotilles comme il y en a sur toute la planète. Là nous attendaient une surprise et une enigme.

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Tous les 10 mètres un rabatteur nous proposait d'acheter des lunettes. Des lunettes ? Quel rapport avec les puces ?

Juste celui de voisinage. Un examen un peu approfondi de l'environnement nous a fait réaliser que tous les immeubles du coin portaient des lunettes géantes en devanture. Ne cherchez plus, vos Mikli, Afflelou, Ray Ban ou autres, elles viennent toutes de là et se paient 20 euros environ, (pour les pigeons au long nez comme nous).

En fait, on est tombé par hasard sur le lieu de naissance des lunettes de la planète.

L'enigme du marché au puces - qui ne nous a pas  autrement intéressés- ce sont les noix. De grosses noix creusées de rides profondes qui sont vendues par paires (!). Mesurées, examinées, evaluées, bichonnées, comparées, emballées, exposées, cela ne peut être leur rareté qui les rend intéressantes : il y en a des tas impressionnants. Elles ne sont pas destinées à être mangées non plus. Alors ? Langue au chat  ? Nous avons quitté les lieux sans élucider le mystère.
La réponse est dans un article que l'on trouve sur le net : 'En Chine une paire de noix peut valoir de l'or". Lisez-le, c'est étonnant.

 

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Et un canard laqué plus tard, (le thermique a craqué - il a même essayé le canard-burger) nous voilà dans un autre décor, hype et futuriste, peuplé de jeunes gens portant les  plus prestigieuses marques internationales. Le Parkview Green, une pyramide commerciale de verre et d'acier. Ça sent l'aisance, la consommation de luxe, l'argent discret et abondant. On pourrait être à Tokyo, New York ou Singapour. Plus rien ne différencie cette jeunesse de celles des autres continents. Le nivellement de la culture par l'argent est d'une totale efficacité. La dépossession du patrimoine absolue. Ces gens se ressemblent tous et donc ne ressemblent à rien de vivant.

J'aime mieux les vieux burinés des Hutong qui éructent et crachent sur les pieds de passants.

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4 novembre 2016

Arpenter Pekin

Brume de pollution sur la ville qui ne prédispose pas à un lever matinal. Malgré les promesses du site météo de mon téléphone, la température reste  proche de zéro.
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Courbatures et grosse flemme, la balade d'hier sur la Muraille se ressent dans les mollets. La journée sera minimale.
Trainer sans but précis dans Quianmen et ses rues adjacentes, bader devant les gros pots de faïence bleue et blanche du marchand de pickles, goûter les spécialités sucrées et grasses des boutiques de la rue Darzhilan (JP), trouver des chataignes grillées rue Mishie, chez Xiang Xiang Li (moi), tellement parfaites, sans  le moindre ver et avec la peau intérieure qui adhère à la coque et non au fruit, hésiter à midi dans un infame boui-boui devant des photos de plats criardes et stéréotypées sans reconnaître les ingrédients et finir avec deux  préparations impossibles à identifier, plutôt gluantes, colorées et grasses.
Nous savons tous qu'il n'est pas toujours facile de se nourrir bien en voyage. Le dilemme se pose souvent ainsi. Suivre les sentiers tracés par les guides (recopiés à l'infini sur le net) ou laisser le hasard faire les choses avec des résultats aléatoires. Un peu des deux sans doute, suivant l'humeur. Mais finalement, la deuxième solution apporte tellement plus de satisfaction. Trouver seuls ce que nous considérons comme une perle est nettement plus excitant que de suivre les pointillés.
Investir un café branché nommé le Soloist, où l'expresso est confectionné avec l'amour et le soin porté aux produits exotiques, pour y piquer un roupillon discret (le thermique).

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Tomber en arrêt dans Yang Mei Zhu Hutong sur la vitrine de Wang Jing, un designer qui sertit d'argent des fragments de vases Ming, Qing ou Song et les transforme en bijoux d'une grâce et d'une originalité incomparable pour une somme pas modique.
Etre hélés au passage par une jeune femme au français étonnement bien prononcé qui se délecte d'échanger quelques phrases.
Arpenter des avenues larges, froides et vides de passants pour finir sur Wang Fu Jing dans une food court pour touristes Chinois, au coude à coude dans la foule qui presse, pavé gluant, vapeurs grasses, orgie de plats sans saveurs déguisés en cuisine arrrayante : oeufs de caille frits sur une queue de crevette, huitre aux fromage, tripes chaudes en piles artistiques, scorpions gigotant, sauterelles, larves, étoiles de mer, holoturies, hippocampes en brochettes, qui ne doivent pas faire partie du quotidien des badauds, vu leurs exclamtions et leurs perches à photos aussitôt dégainées.

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3 novembre 2016

La Grande Muraille de Chine pour de vrai

Jour de la Grande Muraille.

S'attaquer à une icone pareille a demandé réflexion. Les rumeurs de vagues touristiques se ruant à l'assaut du monument nous laissaient dubitatifs sur l'intérêt que nous pourrions éprouver. L'agitation de la foule et la promiscuité efface si souvent le plaisir d'un lieu. Son aura pâlit, il disparait sous les cris, les appels, les chahuts, les papiers gras, les remarques banales, les files d'attente. Et depuis quelques années, depuis que les classes moyennes ont émergé en Asie, les foules sont devenues marées humaines. Plus de bâtiment ou de paysage sans que se dresse une forêt de perches téléscopiques pour photographier à la chaine.  Plus de nature, plus d'escaliers, mais des ascenseurs, des téléphériques, des oeufs. Plus de marche, ni de sentiers, mais des télésièges.
Alors, la Grande Muraille avec ses milliers de touristes semblait bien être le type de destination qu'on peut peut-être mieux apprécier chez soi devant un Faut Pas Rêver.

Et bien, non. Tout n'est pas perdu. Il reste quelques tronçons encore dans leur jus qui méritent une randonnée. Pour cela, il a fallu trouver un chauffeur qui nous pose dans un village et nous ramasse dans un autre,  déjouer la sollicitude du Concierge de l'hôtel, dudit chauffeur et à la toute dernière minute, au moment de s'élancer à l'assaut, de la dame de l'agence qui était prête à tout pour que nous renoncions : "C'est très dangereux, il y a plein de murailles différentes (!!), vous allez vous perdre, et d'ailleurs, la voie est fermée".  C'est là que j'ai perçu la similitude avec les Viets ; eux aussi, ils se méfient des sentiers non battus et sont prêts à inventer n'importe quoi pour nous dissuader.

Nez au vent (1°C), nous sommes montés à l'assaut de la très raide marche d'approche dans une forêt de chênes dépouillés par la saison. Entre les branches nues, les forts se dressaient imprenables sur de pitons aigus, comme des alignées de Queribus. Au bout des échelles brutes, la première redoute. Et les premiers touristes locaux, accompagnés par leur musique à fond, perches brandies, jovials et accueillants. Seulement trois, mais très très bruyants. Ils demandent une photo de groupe, communion habituelle en Asie. Nous nous extirpons le plus poliment, le plus rapidement possible de cette mise en scène de soi destinée à être postée sur les réseaux sociaux.

Devant nous les écailles du dragon s'étirent et se tordent sur les lignes de crête jusqu'à perte de vue. La construction est vertigineuse et en ruines. A la place du chemin pavé, des blocs de pierre en vrac et des arbres qui colonisent ce qui reste de chaussée.  Par endroits, les créneaux de briques montés sur les murs de pierre ont disparu, démantelés par les intempéries et les vols. Des corbeaux se perchent sur les voutes éffondrées des fortins.

 

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Raide et glissante, la muraille serpente, dalles lisses succèdant aux sentiers boueux. Vue d'aigle. Pas de sommet plus haut. Nous sommes seuls, enfin, sous la crue lumière d'hiver qui accentue les reliefs. En bas, les vallées noyées de brume. Devant, la sinueuse muraille qui épouse si bien la topographie.

A quoi pensaient les sentinelles postées sur ce chemin céleste et solitaire soumis aux caprices du temps, rayons brûlants en altitude, vents glacés sur les sommets blanchis de neige ?

Qu'ont ressenti les millions d'ouvriers qui pendant deux mille ans, des Qing aux Ming ont peiné et sont morts pour dérouler sur le dos de montagnes ce symbole convulsé du pouvoir totalitaire ?

Et pour nous qui descendons à pas précautionneux cette voie millénaire, que garder de cette expérience ?

En tous cas, les quelques randonneurs rencontrés avaient tous ce regard de bonheur des moments extraordinaires.

Voilà pour le quart d'heure philosophique qui s achèvera en apothéose au bout de quatre heures par une descente en toboggan de deux kilomètres de long ! Le thermique s'est retenu de remonter en télésiège pour revivre la sensation, mais il en rêve encore.

2 novembre 2016

La Cité Interdite

Donc, donc, ce jour est le jour où la Cité Interdite n'aura plus de secrets pour nous. Dûments emballés dans nos gracieuses doudounes, écharpes, gants, bonnets, collants, pour affronter la température négative, nous nous lançons dans le flux jacassant des groupes aux bobs multicolores guidés par des fanions rassembleurs.

Une file bien disciplinée traverse le site du sud au nord sans divagations, escalade les marches de marbre des pavillons d'apparat, se tasse soudain devant les ouvertures béantes bloquées par des barrières pour protéger de l'invasion, se pousse en agitant ses smart phones montés sur perches, clic clic, selfies, moi devant le pavillon de l'Infinie Bienveillance, moi devant la Clarté Suprême, moi devant la Pureté Celeste, encore une devant l'Harmonie Préservée.

Et juste deux petites silhouettes qui s'échappent du troupeau à la hauteur de l'Elévation Mentale et découvrent que les cours et les palais de l'Ouest sont encore vides, que ces bâtiments là sont visitables, que les collections de bronzes, de céramiques, de statues sont époustouflantes, que le petit café chic, branché et désert sert des expressos et que le soleil qui commence à chauffer permet de s'installer en terrasse.

Cette Cité est désormais une coquille vide où il est difficile d'imaginer la vie disparue, les fastes et les intrigues, les vies recluses des concubines, le monde grouillant des serviteurs, des gardes, de l'intendance, les rigueurs de l'étiquette. Un monde clos, sclérosé, d'une richesse sans pareille que n'atteignait pas l'animation de la ville. La peinture, l'orfèvrerie ou la sculpture y ont atteint des sommets plus jamais égalés et maintenant, tous ces objets si admirés jadis, se ternissent et s'empoussièrent tristement. Ces bouquets de fleurs de jade et d'or, ces cadres lourdement ouvragés, on me les donnerait que je n'en voudrais pas.

 

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Objets, bâtiments, témoins d'époques, symboles d'impermanence.

Ceci dit, en dehors de quelques pavillons non restaurés aux airs de brocante défraîchie, la présentation de la majorité des collections est digne des plus grands musées internationaux. Claire, bilingue, moderne, lumineuse.

Je trouve un aspect de la Chine que je n'attendais pas. Méticuleusement propre, intelligemment organisée. Aucune comparaison avec le joyeux foutoir, les goûts criards et les monceaux d'ordures de notre Vietnam.

Mais, attention, là où le Vietnam prend la tête c'est à la cuisine. Ici, c'est gras, c'est gras et sucré et je saute un repas sur deux tant ce gras me nourrit et m'écoeure.

Parlons de l'expérience canard laqué. En sortant du restau, on se sent comme en quittant la table dans le sud-ouest après un bon confit.

Mais quelle expérience ! Dans une cantine bruyante où les convives ont tous de rudes faces populaires (dans notre imaginaire, si c'est populaire, c'est authentique) le serveur nous apporte un plat de peau, juste la peau, fine,  laquée, dorée, tendue, croustillante et fondante, une explosion de sensations en bouche, une expérience unique. Bien grasse, mais quel goût ! Suit un plat de chair maigre émincée. Tendre comme du beurre. Quand on sait comme il est difficile de cuire le canard, sans qu'il soit dur ou sec. Enfin un plat de chair moelleuse surmontée de gras et de peau croustillante, et pour finir le plat des os et de la carcasse. Et hop ! nous avons mangé un canard à deux. Au fond du restaurant, deux cuisiniers en toque blanche oeuvrent méticuleusement à dépiauter les volatiles selon les règles de l'art, armés pour la démonstration de grands couteaux brillants.

Il faut enrouler les morceaux choisis dans une mini crêpe souple avec des oignons verts, des batonnets de concombre, un peu d'alfafa, puis les tremper dans la sauce Hoisin, épaisse, brune et parfumée. Paradis !

1 novembre 2016

Liulicheng

Ce matin, super motivés, nous démarrons à fond pour aller visiter la Cité Interdite. On n'est pas des bleus, on a choisi un jour de semaine pour éviter les foules que tout le monde a vues à la télé.

Quinze minutes de marche plus tard, nous voilà sur le parvis sous les haut-parleurs qui beuglent. Uniquement en Chinois, c'est finalement la langue la plus parlée au monde, le Trivial nous avait prévenus.

Face à nous, des marées humaines. Des troupes en rangs serrées menées par des porteurs de fanions enthousiastes, le pas vif, la casquette identique pour repérer son groupe (inutile à mon avis, personne ne fait un pas de côté), des rangs et des rangs innombrables qui montent à l'assaut, à perte de vue devant et derrière nous. Petite interrogation sur la validité de notre plan. Au guichet (où il n'y a pas de queue, car ils ont apparemment tous déjà leurs billets,  à quelle heure se sont-ils levés ?) nous apprenons que : one passport, one ticket. Voilà, voilà. Les passeports sont dans le coffre-fort de l'hôtel. Ceci veut donc dire qu'ils relèvent le nom de chaque personne qui rentre dans la Cité. Voilà qui nous laisse sans voix et dépités de ne pas avoir prévu.

 Donc, on ira se consoler en allant voir Tiananmen, juste au sud à deux pas.

Quatre kilomètres de chicanes, de barrières, de détours, de contournements, de scanners et de souterrains plus loin, on débouche sur cette vaste esplanade glaciale parcourue de mouvements de foules bien canalisées. Il est clair que l'endroit est sous haute surveillance pour qu'il ne soit plus jamais un foyer de rebellion. Au centre, les ajouts architecturaux contemporains cisaillent la perspective immémoriale.

Au sud, les anciennes portes monumentales, gigantissimes, magnifiques ouvrent sur Quianmen, quartier fascinant de Hutong rasés et revisités par la modernité. Touristique, mais en même temps chatoyant, beuglant, vivant, populeux. La qualité graphique que nous prêtons à l'écriture mandarine nous prédispose à aimer ces multiples enseignes incompréhensibles où nous nous extasions probablement devant "Chez Low Fat, le meilleur canard laqué" ou "Wang Fu Jing, les bons Won Ton, comme si c'étaient des oeuvres d'art. D'ailleurs nous les photographions en extase, sous l'oeil opaque des boutiquiers qui doivent nous trouver pitoyables.

 

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C'est un quartier plein de surprises si on prend le temps d'y flâner sans but. Trognes concentrées de vieux joueurs de Go penchés sur leur jeu, volutes de vapeur qui s'échappent des paniers de raviolis au devantures des magasins, portes sculptées, cloutées, énigmatiques qui ne dévoilent pas leurs mystères, staccato des haut-parleurs omniprésents qui ont remplacé l'aboyeur rabatteur humain d'autrefois, et un petit café boboïsant où la serveuse parle un américain parfait.


Et puis au détour d'un long dédale Liulicheng, la très belle rue des antiquaires et des calligraphes. Une splendeur de toits ailés, de tuiles rondes vernissées, de devantures tarabiscotées à travers lesquelles on aperçoit des merveilles esquissées d'un pinceau léger. Rue cossue, voitures de luxe qui ne circulent pas. Ça sent les affaires sérieuses des marchands d'art. On bade sans entrer. Doublement étrangers à ce monde.

 

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31 octobre 2016

Lama temple

Changement de chambre ce matin, pour être du côté du soleil. Notre première chambre vue nord nous semblait bien sombre sous ces ciels opaques de mégapole enfumée.

Démarrage tardif pour visiter le Temple du Lama. Un temple soi-disant Tibétain mais à la gloire de la Chine. On y parle surtout des princes Chinois qui ont offert les terrains.

Nous nous sauvons dans les allées transversales, les Hutong, habitat traditionnel du centre ville, grandement transformés avant les derniers Jeux Olympiques pour donner une image positive et moderne. Celui-ci offre une marche dans un Pékin ouvrier de maisons grises et basses, de logement exigus qui obligent à du stockage extérieur, des cages à poule, de vieux matelas, des cartons, de la ferraille, des alignées de véhicules éléctriques improbables mi-triporteurs, mi-boites de sardines. Un labyrinthe d'allées tortueuses, parfois ombragées, calmes et vides. Après Hanoi, ce silence et cet espace sont étourdissants. Pas de foules, pas de klaxons, pas de pétarades, l'air est sec, les couleurs rouges des portes claquent. Pas de vie qui déborde, pas de magasins qui s'étale. La vie se cache et se concentre derrière les murs, les feuilles de plastique transparentes qui protègent les magasins d'un froid hivernal qui commence à s'installer.

 

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Tous les deux-roues sont électriques et donc silencieux. Tous sont équipés d'un tablier à moufles anti-froid. Il faudrait que j'en prenne un en photo pour vous le montrer. Le chauffeur introduit ses mains dans des gants fixés sur les poignées. Comme un manteau porté à l'envers. Molletonné et imprimé comme on l'aime ici, de petits lapins, de noeuds roses ou de tissu imitation Burberry. Une parka fourrée à oreilettes sur le chef et le conducteur est paré.

Nous finissons la journée très bêtement en nous faisant escroquer comme des bleus par un institut de massage à côté de l'hôtel qui a une technique très au point d'addition de services mine de rien (comme la coiffeuse : un petit soin? Vous avez le cheveu très sec). La combinaison de leur anglais (peut-être volontairement) basique et de nos défenses émoussées par la vie trop sûre d'Hanoi fait que nous ressortons furieux, plumés et sans recours car devant nos protestations, les hôtesses ont prestement convoqué un service d'ordre qui nous évacue fermement. Du cousu main.

30 octobre 2016

Pékin en vélo

Du  17ème étage, de notre hôtel vue sur la brume pékinoise. Du 19ème où est servi le petit-déjeuner, le soleil ne perce pas sur les toits massifs de la Cité Interdite. Leur rouge sombre se fond dans le gris des brouillards qu'on espère matinaux.

Nous louons deux vélos à l'hôtel, au prix d'une voiture ailleurs, pour explorer la zone des parcs et des lacs autour du Palais Impérial. Balade le long des douves où se reflètent l'or léger des gingko biloba et les atypiques frondaisons des saules pleureurs. Massives murailles crénêlées d'un côté, maisons de thé transformées en locations de petits bateaux de l'autre. Aux portes d'entrée, un afflux massif de touristes. C'est dimanche, on verra demain pour les visites. Il faudra bien accepter ne pas être seuls sur un tel site.

 

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Le sentiment de puissance est omniprésent : dans la taille des lieux, les infrastructures compliquées et parfaites, la beauté des lacs tarabiscotés sertis de barrières de marbre blanc sculptées, les avenues larges et ombragées. Tout parle d'une civilsation majeure. Hanoi est si provinciale, si fantasque et inachevée à côté. Le contraste frappe en plein.

Le vélo dans cette zone, c'est juste parfait pour se faufiler partout. Dans les ruelles des Hutong, à travers les places, le long de la rivière. Quand c'est joli, on le pose et on marche.

Le "thermique" de JP a pris deux tailles dans la matinée. Contact direct avec la qualité chinoise. Il doit le tenir d'une main pour marcher et de l'autre rattraper son bonnet qui s'échappe par le haut. La promenade devient chaotique, la température chute et chute, le vent se lève en rafales. Repli dans un petit café où il n'est même pas question d'enlever les manteaux. Risées sur l'eau grise comme le ciel, les saules secouent leurs crinières comme des chevaux sauvages.

Je crois que nous allons retrouver le confort de l'hôtel avant la fin du programme prévu pour la journée..

 

 

29 octobre 2016

Beijing

Le chauffeur de taxi ronchon et rugueux roule sur une autoroute bordée de forêts de bouleaux serrés. Soleil clair, embouteillage d'Audi, de Volkswagen, de Mercedes. Où sont les vélos de Pekin et les casquettes grises ? Où sont les cols Mao ? On dirait une Amérique dominée par les Chinois. La ville approche.

Très hauts immeubles mais pas gratte-ciels quand même. Du verre qui reflète les façades voisines, un style néo-classique digne de Gotham city, des toits-pagodes sur des bâtiments de trente étages. Des coupoles et des flèches. Embouteillages, ralentissements. Comme à Shangai ou Bangkok.

 

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Novotel, 17éme étage. Chambre cossue et impersonnelle, baie vitrée jusqu'au sol. Sous nos pieds, les Hutongs, habitats collectifs  encombrés et tortueux ceints de murailles gris fer. Au fil des ruelles, l'absence d'ouverture dans les murs donne une sensation de décor industriel, contrastée par leurs hautes portes laquées de rouge et de noir, souvent cloutée de cuivre, au pied de laquelle s'appuient des lions de pierre usée. Ces portails béants donnent sur des allées sombres et sinueuses où dorment les vélos que je cherchais.

Des entassements de compteurs éléctriques renseignent sur le nombre de foyers qui demeurent là. Six, huit, douze, chacun s'entasse dans sa pièce minuscule de bric et de broc, parfois un rideau pour porte, ou des tôles. De la musique et des voix s'échappent, des odeurs de cuisine familiale aussi. Habitat pauvre, tassé, environnement sale et inconfortable, mais au centre de Pékin, ça ne se quitte pas. D'autres portails clos à la peinture rutilante racontent une histoire différente de bobos réinvestissant les quartiers.

La température est en baisse. Jean-Pascal se gèle avec sa polaire trop fine. Petit arrêt dans un magasin de doudounes et de jeans où il trouve son bonheur et même un jean qualifié de "thermique". Promesse qui ne se rate pas par les vents qui courent.

Pour dîner, alléchés par la devanture prometteuse d'un restaurant de canard laqué, nous nous installons dans un moment d'égarement à côté de deux jeunes hurlent chacun dans leur téléphone. Une dizaine de litres de bière vides expliquent le volume sonore accompagné d'épais crachat entre nos deux tables et d'éructations ronflantes. Et puis la serveuse fatiguée nous apprend qu'il faut quatre-vingt-dix minutes pour obtenir un canard laqué. Ce sera donc un médiocre plat de poulet aux chou-fleur !

28 octobre 2016

Incursion en Chine

Jean-Pascal et Julie à Pekin. Vacances de la Toussaint 2016.

17 février 2015

Têt - 2

Le lac de l’Ouest à la nuit tombante,  les rues sont désertes et la promenade au bord de l’eau vide de ses désormais familiers pelotons de cyclistes quinquas suréquipés et bavards.

Au-dessus de chaque lampadaire, une très haute flammèche sinueuse et compacte formée de moustiques s’élève et ondule dans l’humidité sans brise, se disloque brièvement au passage des chauves-souris attaquant en piqué. 

Parfum de quats écrasés sur le trottoir irrégulier par les cohortes de xe om qui chargent les arbustes emperlés de fruits pour les charrier dans les maisonnées prêtes à accueillir la nouvelle lune, celle qui ouvre cette année l’ère de la Chèvre.

Hanoi la ville des arbres qui se promènent en moto, cerisiers roses effeuillés par le vent, mandariniers que la vitesse décoiffe, pamplemoussiers tous fruits ballants, plateaux de chrysanthèmes pour les pagodes, tous au même stade d’éclosion, le business de la fleur de Têt s’est répandu sur la ville, brouillon, insistant, omniprésent, coloré

 

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