Noix de Chine
Voilà, dernier jour dans la ville aux 22 millions d'habitants, pieds brisés par les heures de marche.
Ce matin, nous avons testé le marché aux puces qui nous est d'abord apparu comme un marché aux perles artisanales. Dans le sud de la ville au-delà du 3ème périphérique (il y en a 6), un quartier pas bien beau d'immeubles gris et sans caractère et de grands axes routiers sans âme. Le taxi nous a déposé sur un trottoir occupé par des dizaines de vendeurs de pacotilles comme il y en a sur toute la planète. Là nous attendaient une surprise et une enigme.
Tous les 10 mètres un rabatteur nous proposait d'acheter des lunettes. Des lunettes ? Quel rapport avec les puces ?
Juste celui de voisinage. Un examen un peu approfondi de l'environnement nous a fait réaliser que tous les immeubles du coin portaient des lunettes géantes en devanture. Ne cherchez plus, vos Mikli, Afflelou, Ray Ban ou autres, elles viennent toutes de là et se paient 20 euros environ, (pour les pigeons au long nez comme nous).
En fait, on est tombé par hasard sur le lieu de naissance des lunettes de la planète.
L'enigme du marché au puces - qui ne nous a pas autrement intéressés- ce sont les noix. De grosses noix creusées de rides profondes qui sont vendues par paires (!). Mesurées, examinées, evaluées, bichonnées, comparées, emballées, exposées, cela ne peut être leur rareté qui les rend intéressantes : il y en a des tas impressionnants. Elles ne sont pas destinées à être mangées non plus. Alors ? Langue au chat ? Nous avons quitté les lieux sans élucider le mystère.
La réponse est dans un article que l'on trouve sur le net : 'En Chine une paire de noix peut valoir de l'or". Lisez-le, c'est étonnant.
Et un canard laqué plus tard, (le thermique a craqué - il a même essayé le canard-burger) nous voilà dans un autre décor, hype et futuriste, peuplé de jeunes gens portant les plus prestigieuses marques internationales. Le Parkview Green, une pyramide commerciale de verre et d'acier. Ça sent l'aisance, la consommation de luxe, l'argent discret et abondant. On pourrait être à Tokyo, New York ou Singapour. Plus rien ne différencie cette jeunesse de celles des autres continents. Le nivellement de la culture par l'argent est d'une totale efficacité. La dépossession du patrimoine absolue. Ces gens se ressemblent tous et donc ne ressemblent à rien de vivant.
J'aime mieux les vieux burinés des Hutong qui éructent et crachent sur les pieds de passants.