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Le feuilleton tonkinois
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18 novembre 2008

Coup de mou

Période de repli. La ville hystérique, le manque de soleil, la brume sale qui couvre le lac et efface l’autre rive, le vacarme des véhicules et leurs fumées d’échappement, l’enfermement des weekends, l’incommunication souriante ou indifférente dans les magasins ont fini par me saper le moral. Je me demande comment mon besoin de campagne, d’espace et de quiétude pourra être mis sous le coude, effacé et nié. Je me demande ce que je vais pouvoir apprécier dans le quotidien d’ici.

2009_1_Hanoi_127

 

 

Ce que je vois ne correspond pas à l’image d’Epinal véhiculée par les médias. Mon dernier documentaire s’attardait sur ce qui enchante le touriste : les temples et les pagodes, les paysannes au chapeau conique dans les rizières sur fond de montagnes en pain de sucre, un pays traditionnel et encore peu développé. Mais les pagodes sont serrées à étouffer par les constructions qui se pressent autour d’elles, le manque de soin se lit sur leurs murs suintant d’humidité en longues traînées noires qui effacent peu à peu le crépi jaune d’origine. Les pétarades des motos se moquent de leurs illusoires protections et cette sarabande exaspérante gâche la quiétude des flâneries sous les longaniers de leurs jardins. Les bassins à nénuphar abandonnés des jardiniers sont des cloaques où flottent les sacs en plastique. Les masseuses sont d’incultes filles de la campagne exploitées par leurs patrons qui reniflent et bavardent en frottant vaguement le touriste de passage. On est bousculé partout, ignoré. Les regards nous évitent. Où sont l’exquise politesse et le raffinement que je croyais trouver ? Comme les clichés ont la vie dure.

Hier soir en rentrant de la ville sur ma moto à l’heure de pointe, j’étais un mouton en transhumance. Coude à coude, genou à genou dans les gaz d’échappement, une humanité pétaradante et klaxonante qui grignote l’espace des voisins pour avancer mieux, pousse, force et s’insinue centimètre par centimètre. Tout cela sans se toucher ni se regarder. Force de la foule indifférente. Solitude dans une marée collective. Comme la ruelle des Français, semble calme et séparée du monde après toute cette folie.

 

 

 

 

Dong_Ky_027

 

 

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