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Le feuilleton tonkinois
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4 mai 2013

Maintenant et avant

Dalat 1er Mai 2013 (120)

 Dalat.

Aujourd'hui contre toute attente, il faisait beau. Un ciel d'azur sans taches. Sept heures du matin nous a trouvées en train de plonger nos baguettes dans le pho de la gargotte voisine. Grandeur et décadence après notre hôtel art déco de 1930 à l'ascenseur d'époque et aux compositions d'orchidées du grand hall. Mais, délicieux. Puis location de deux scooters, crème solaire et c'est parti. 

Direction les cascades que l'on atteint depuis la route qui serpente raide dans une pinède odorante. Cigales et klaxons. Contrastes inhabituels.

Chance, nous avons été assez matinales pour coiffer les autres touristes au poteau et nous trouver parmi les premières sur le site ravissant d'un parc paysagé très fleuri dévalant vers les chutes successives d'une eau couleur safran. Escaliers pavés, buvettes reconstituantes à chaque palier, musique entrainante et en bas une petite foule de badauds déguisés en... kimono avec ombrelle de papier ou ao dai et chapeau pointu ou pagne en tissage ethnique des minorités dont c'est la seule trace d'existence. Et photographes pros qui s'activent à tirer des portraits à grands coups de clic clic, et vite vite les développer pendant que les clients sont encore là. Un vrai exercice de voltige, tout en hélant les suivants et tentant de les retenir.

Un téléphérique, un ascenseur et un petit circuit de wagonnets plus tard, nous étions remontées dans un flux inverse de russes un poil plus tardifs que nous, mais certainement meilleurs clients.  

Dalat 1er Mai 2013 (24)

 

Après, un peu perdues par l'absence de signalisation routière nous avons avalé du bitume sous un impitoyable soleil pendant un nombre de kilomètres indéterminé, à la recherche d'un centre de tissage de soie. Jamais trouvé.

 Alors, le ciel se chargeant d'un noir de mauvais aloi, retour vers Da Lat. Après l'averse de l'après-midi, exploration des derniers bâtiments qui nous attiraient. La gare, adorable bâtiment art déco, car tout est de cette époque et si ce n'est pas le cas, car antérieur, cela a été restauré art déco. Dans le hall, toujours les fauteuils en cuir de la salle d'attente, les vieux guichets en bois verni que l'on ne voit plus que dans les films et deux locos à vapeur et leurs wagons de bois et de fer forgé qui bougent encore de quelques kilomètres plusieurs fois par jour. L'une des locos semble venir direct du far-west, noire, avec sa jupe comme des fanons de baleine à l'avant.

 

Dalat 1er Mai 2013 (153) 

 

Le Dalat Palace, ex Lang Bian Palace où résidaient le Viet Minh et les autorités coloniales  françaises lors de la préparation de la conférence de Fontainebleau en 46, et ensuite le général Giap (suite 101, vous saurez tout), notre dernière étape après dîner. Dans la nuit fraîche et humide, nous nous sommes introduites dans ce monument de la grandeur à la française, en rentrant par le parc comme des clientes légales, et avons arpenté les couloirs déserts, soulevé les tentures de salons vides meublés comme à Versailles, décorés de copies de peintres locaux (salon Monet, salon Gauguin, salon Cézanne...). Léger cliquetis de fourchettes et voix étouffées en provenance du Rabelais, le restaurant 5 étoiles où deux couples coréens lost in translation découvraient la gastronomie de chez nous.

 Etrange lieu où quelques employés en uniforme chamarré de spirou noir glissent sur les mosaïques des grands halls et saluent d'une légère courbette assortie d'un sourire doux les impostrices que nous sommes. Pas un client en vue, ils ne pouvaient ignorer que nous n'étions pas de l'hôtel. Je me demande s'ils sont aussi cool au George V à Paris. 

 

 

 

 

 

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