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Le feuilleton tonkinois
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26 juin 2011

Tokyo

Quand je ferme les yeux et je pense à Tokyo, je vois un vol d’écolières en costume marin et chapeau de paille arrondi, socquettes blanches et sac à dos de plastique jaune. Depuis la passerelle qui enjambe l’avenue entre le parc du Budokan et le jardin du Yasukini, je les regarde passer sous le Torii géant entre deux allées de marronniers, moineaux bruyants et sautillants qui disparaissent au coin de l’avenue. Ensuite une cavalcade de gamins en short et chemisette kaki, casquette blanche galonnée et sac noir dévale la même pente. Tous sur le même modèle, à l’instar de leurs ainés quittant les bureaux pour s’engouffrer dans les trains  et les métros en flot discipliné et souriant, pantalons noirs et chemises blanches, cravatés mais les manches retroussées et la veste sur le bras, seule concession à la chaleur moite. Le nouveau code du Cool Biz, desserre depuis peu le carcan vestimentaire du costume obligatoire et permet au nom des économies d’énergie de dévoiler ses avant-bras et la base de son cou. Pas étonnant qu’en dehors de leurs obligations, ils deviennent les gens les plus excentriques du monde.

 Tokyo_Meiji_Shrine_Torii

Dans ce quartier, les maisons sont basses, les restaurants français abondent: le Lugdunum et ses quenelles, le on dine ici ce soir (ou presque) ou le Bourguignon se cachent dans les impasses adjacentes. Une machine à laver installée sur le pas d’une porte rappelle l’exigüité des intérieurs. Des filles habillées en geishas, panoplie complète, trottinent à petits pas empruntés sur leurs socques de bois et disparaissent regards baissés, au détour des ruelles tortueuses. Sushis tous les deux pas, boutiques de thé et de pinceaux, vaisselle bleue et laques rouges, figurines de chouettes et chats porte-bonheur, sashimis et teriyaki, tempuras et glaces au riz vert, jeunes designers et jaquettes mémés, tout se côtoie, se presse, se serre et s’ordonne le long de l’avenue montante sous les arbres taillés à la perfection.

Pas de voitures garées. Les avenues, les boulevards sont larges et respirent sans entraves. Les cubes à roulette droits sortis des dessins animés n’ont pas le droit de s’arrêter.

La nuit tombe sur le temple des filles solitaires. Quelques unes s’attardent encore pour accrocher l’ex-voto qui prie qu’on leur trouve un compagnon.

photo49

 

 Dernière image improbable depuis mon siège d’avion. Sur le tarmac, trois techniciens aux casques de Playmobiles se plient dans un impeccable 45° devant l’appareil qui commence à rouler, se redressent, saluent longuement de la main avec l’enthousiasme de la nouvelle princesse de Galles, puis plongent de nouveau dans une courbette appuyée. Qui est dans cette avion ? Leurs petites amies ? Un membre de la famille impériale ? Et s’il le faisaient à chaque avion qui part ?

 

 

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Commentaires
L
à Tokyo, je me suis fait remonter les bretelles quand j'ai dit 'geisha'. Apparemment, ça a une connotation plutôt légère, à employer avec grand discernement donc...
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