Chung tôi muon xem tôm

Route côtière à la tombée du jour. Fourbus après une journée de grand air dans le parc naturel de Nui Chua. Les ombres s'allongent et la mer prend des reflets métalliques, un petit vent frais ride la surface peu profonde des salines.

Un panneau indique un élevage de crevettes et de langoustes, c’est tout ce qu’il faut pour appâter mon amoureux de la mer. JP a l’oeil qui brille à l’idée d’inspecter les bassins, reluquer les bébés crustacés et se faire expliquer les techniques locales.

La moto cahote sur la piste défoncée, franchit un petit pont de bois branlant au-dessus d’un canal et s’arrête dans la courette d’un ensemble de bâtiments bas. Sur la droite un long couloir et quelques employés qui s’avancent vers nous étonnés. On se sourit, on se salue, et je tente de m’expliquer en vietnamien. Je sais dire voir, vouloir et crevette, dans une entreprise d’aquaculture, ça devrait marcher, non ?

Rires. Conciliabules. Une femme se détache et nous indique un passage qui donne sur les étangs, terminé par un muret qu’il faut escalader, et puis un bassin, vide. Je la regarde étonnée, elle m’indique une cahute en parpaings au bout du terrain et visiblement pense que c’est ce que je cherche. Les WC.

Non, non, c'est pas ça. Je répète mes trois mots un peu destabilisée, geste à l'appui, la petite crevette qui nage, qui nage... La confiance des mes compétences linguistiques vacille. Rires et échanges animés. Bon, tant pis on s'en va. Mais un homme nous hèle et nous fait signe qu'il a compris. Suivons-le. Contournons le bâtiment, longeons les bassins sans nous arrêter (ah bon ?), enfilons coursives, traversons terrasses et quartiers des employés. Finalement, il disparait dans un dortoir. Interloqués, nous l’attendons dehors. Il ressort en brandissant tellement fièrement… le papier toilette.