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Le feuilleton tonkinois
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20 mai 2009

Fan Xi Pan

Fan Xi Pan, 3143 m, le toit du Vietnam. Une nuit de train pour Lao Cai, à la frontière
chinoise, une nuit de refuge à 2800 m, et la nuit de retour en train.  C’est tentant. C’est décidé, ça se tente. Au départ, la randonnée est prévue comme un défi féminin, puis élargi aux maris que les prévoyantes préfèrent avoir près d’elles dans l’effort, avec qui les sentimentales aiment partager les loisirs ou derrière qui préfèrent s’abriter les timorées.

 
d_part

Le train emportera donc une bruyante colonne de vingt-sept personnes, guides compris. Les vingt porteurs, eux, nous attendent au départ de la balade. Un train d’autrefois avec des couchettes confortables et un coquet bouquet de fleurs en tissu pour la touche sweet home. Un vestige brinquebalant du passé avec son tacatac-tacatac lancinant, ses secousses arythmiques, et sa vitesse dérisoire. Chacun a choisi ses camarades de chambrée, s'est lavé les dents autour DU lavabo. Ambiance jolie colonie de vacances. Au matin, un crachin brouillardeux nous attend, nos ventres sont vides et nos yeux cernés par une nuit à rebondir dans les couchettes. "Mais la bonne humeur revient facilement chez nous les jeunes…" dit la Belette, fulgurante participante.


mong

Le guide promet du soleil, distribue des chapeaux Indiana Jones , promet des porteurs qui se chargeront de notre barda (certains sont montés avec leur maison sur le dos, la peur de manquer probablement), promet des repas servis à toute heure et entraîne sa troupe à la rencontre des Mongs vêtus d’indigo qui doivent assurer l’intendance et le portage. Ils semblent arriver
direct des steppes, avec leur face large et plate, leur peau d’ivoire jauni, leur taille minuscule et leur corps sec et nerveux. Sourires au début qui se fige quand ils appréhendent le volume de nos sacs… On évite le préavis de grève de justesse.

 Et c’est là que les choses se compliquent. Nos organisateurs sont Viet, nos porteurs sont Mong et nous sommes Tay (occidentaux). Quelques Viet parlent Mong, quelques Tay parlent Viet, et l’inverse, pas de Tay qui parle Mong, ni le contraire. Les Tay veulent de l’aventure confortable, les Mong ne veulent pas ployer sous le fardeau, les Viet veulent gagner de l’argent. Et avec ces arrière-pensées secrètes génératrices de troubles ultérieurs, la colonne hétéroclite finit par s’ébranler et s’étirer dans un nuage d’horripilants moucherons obsédés par l’envie de se coller dans nos yeux.

 machete

Jusqu'à la pause du déjeuner le chemin a été agréable, avec des forêts magiques aux troncs moussus et convulsés traversées de creeks babillards, des pentes douces et des paysages apaisants après l'agitation oppressante de Hanoi.. Rapidement, les filles et JP qui talonne le guide ont pris la tête. A 11 heures et demi les premiers se présentaient pour recevoir leur plateau repas. Oeuf, tomate, vache qui rit, concombres épluchés à la machette par les Mong accroupis sur une bâche bleue..

 


sommets

 "C’est ensuite que l’ampleur de la tâche nous est apparue. On a remis de la crème solaire, on a ajusté les chapeaux et resserré les lacets des chaussures avant de reprendre la marche d'un pas gaillard. Le terrain est devenu un peu moins agréable et les pentes carrément abruptes" (la Belette, fulgurante participante). Des marches et des marches taillées pour de très grandes jambes, sur l’arrête aigue de crêtes vertigineuses, des remontées de torrents verticaux avec des lianes et des bambous pour se hisser, une ambiance moite à l’extrême. A ce stade les moucherons-petits joueurs-ont abandonné la partie.  Le Vietnam à nos pieds étalait sa plaine brumeuse. Grand bleu au-dessus de nos têtes, et comme un diaporama, une collection de faux sommets prometteurs. . Le moral était au plus haut, forcément. Un très grand grimpeur entonnait des chants scouts et militaires pour nous donner du coeur à l'ouvrage. La belette fulgurante lui donnait le la.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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