Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le feuilleton tonkinois
Archives
Pages
17 octobre 2008

Matin serein

Le chantier d’à côté s’est brusquement mis en activité à huit heures. Un ouvrier solitaire s’excite sur un marteau-piqueur. Il n’y a de répit nulle part. Nul coin où il serait possible d’y échapper.  Il faut quitter le navire.

 

 

 

Même à cette heure matinale Tran Thi charrie son flot de véhicules pétaradants. Devant les magasins de hi-fi, des baffles géants lancent leurs décibels hurlants. On pourrait rêver que passée la porte et les deux lapins en peluche rose qui se dandinent en proposant des ballons aux enfants, on trouverait à l’intérieur une atmosphère propice à la découverte, la comparaison et l’essai des produits proposés. Il n’en est rien. Chaque rayon dispose de sa propre ambiance sonore. Changer de stand, c’est comme frapper un mur de son différent. En certains endroits privilégiés on peut même profiter de deux ou trois sources musicales en même temps. Comble du bonheur, paradis commercial version locale, acheter est une grande fête. Je parie que dans dix ans tous les vendeurs seront sourds.

 

 

 

 

 

 

En attendant, je suis incapable de réfléchir ou choisir quoi que ce soit. Ma tête est pleine de vociférations qui bloquent mon cerveau. Hébétée devant les écrans de télé dernier cri, je ne sais même plus pourquoi nous sommes venus, je regarde James Bond qui conduit sa moto des neiges poursuivi par les méchants. La transaction se fait sans moi, je suis pilotée jusqu’à un comptoir de livraison où je perçois que l’employé est en train de me préciser que l’appareil que nous venons d’acheter est neuf ( !) C’est une bonne nouvelle, j’en suis ravie. Apparemment, ce n’est pas automatique. A ce stade, je tire les coins de la bouche vers les oreilles sans discuter, incapable d’activer mes neurones abasourdis. James Bond explose des murs de glace au volant d’une voiture invisible.

2009_1_Hanoi_055

 

 

 

Je décline l’invitation à partager le siège d’un Xe Om avec un paquet d’un demi mètre cube et quinze kilos. En amazone peut-être ? Je m’engouffre dans un taxi poursuivie par la sono en folie. Silence… pendant trois secondes. Le chauffeur est un amateur de musique orientale. Lancinante et criarde entrecoupée de messages radio horriblement crachotants en provenance de son central. Inutile, n’est-ce pas, de lui demander du calme. Concept occidental bizarre et incompréhensible. Il faut patienter. Vivement la maison. Mais quand ? Nous ne dépassons pas les 30 à l’heure en klaxonnant tous les cent mètres. C’est un chauffeur novice, effrayé par la circulation. Le trajet est interminablement sonore.

 

 

 

Divine surprise, le chantier d’à côté est muet. Sauf que… les petits voisins prennent l’allée commune pour leur piste cyclable et la dévalent en tricycle (ceux qui ont des roues pleines et qui font du BRUIT), en hurlant, dans un sens, et dans l’autre, un qui tombe, un qui braille, un qui cogne le portail métallique avec un bâton. Je fatigue.

 

 

 

 

 

Il ne reste qu’à tenter de s’isoler en fermant les fenêtres si peu jointives et ignorer qu’il faut encore installer… la sono que nous venons d’acheter…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité